Titre : |
Mais, Madame, vous êtes la mère... |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Francine Fredet, Auteur ; Didier-Jacques Duché, Auteur de la postface, du colophon, etc. |
Editeur : |
Le centurion |
Année de publication : |
1979 |
Importance : |
210 pages |
ISBN/ISSN/EAN : |
978-2-227-00203-6 |
Langues : |
Français (fre) |
4° de Couverture : |
Mais, Madame, vous êtes la mère... En présence des infirmières et des infrmiers, la jeune femme, médecin assistant de l’hôpital psychiatrique, avait sèchement laissé tomber cette phrase. J’étais venue là pour parler de la prochaine sortie de mon fils pour Noël et des problèmes insurmontables qui se dressaient devant nous, sa famille.
Mais, Madame, vous êtes la mère... Ainsi donc quelqu’un dit tout haut ce qu’aujourd’hui on veut insinuer partout : c’est ma faute, l’enfant autistique je l’ai fait, je l’ai voulu ainsi. Et mon amour pour lui est mis en cause. J’ai reçu cela en plein cœur. Ce fut sans doute pire qu’un meurtre. Ce fut aussi une sorte de délivrance : j’ai senti que je ne le supporterais plus, qu’il fallait que je parle, pour moi, pour tous les parents d’enfants malades.
Oui, je suis la mère de Vincent, 22 ans, malade mental depuis toujours. Je dirai la lutte quotidienne de sa famille pour comprendre, aimer, aider au mieux cet enfant malheureux. Une lutte qui est tendresse profonde mais non point illusion ou acharnement. On ne trouvera aucun espoir magique dans mon récit. Je n’ai pu changer le sort. J’ai pu seulement déchiffrer, apprivoiser les chants désormais liés pour nous de la détresse et de la vie. La vie doit gagner mais, avant de le savoir, je traverserai toutes les étapes de cette détresse : peur et impuissance devant la violence de mon enfant malade, peur et impuissance devant le jugement culpabilisant ou ignorant des autres — médecins parfois — peur de l’avenir pour mon enfant. Et un jour, alors que notre famille n’est plus qu’un lieu de mutisme écrasé, je dirai « non », non à mon acceptation de tout cela qui deviendrait complaisance au malheur.
Nous avons fait notre possible, au mieux de notre cœur et de nos forces. Nous devons vivre et trouver la paix. Lâcheté ou courage d’oser le penser et le dire ? Partage humain, en tout cas, de l’avoir écrit. |
Mais, Madame, vous êtes la mère... [texte imprimé] / Francine Fredet, Auteur ; Didier-Jacques Duché, Auteur de la postface, du colophon, etc. . - Le centurion, 1979 . - 210 pages. ISBN : 978-2-227-00203-6 Langues : Français ( fre)
4° de Couverture : |
Mais, Madame, vous êtes la mère... En présence des infirmières et des infrmiers, la jeune femme, médecin assistant de l’hôpital psychiatrique, avait sèchement laissé tomber cette phrase. J’étais venue là pour parler de la prochaine sortie de mon fils pour Noël et des problèmes insurmontables qui se dressaient devant nous, sa famille.
Mais, Madame, vous êtes la mère... Ainsi donc quelqu’un dit tout haut ce qu’aujourd’hui on veut insinuer partout : c’est ma faute, l’enfant autistique je l’ai fait, je l’ai voulu ainsi. Et mon amour pour lui est mis en cause. J’ai reçu cela en plein cœur. Ce fut sans doute pire qu’un meurtre. Ce fut aussi une sorte de délivrance : j’ai senti que je ne le supporterais plus, qu’il fallait que je parle, pour moi, pour tous les parents d’enfants malades.
Oui, je suis la mère de Vincent, 22 ans, malade mental depuis toujours. Je dirai la lutte quotidienne de sa famille pour comprendre, aimer, aider au mieux cet enfant malheureux. Une lutte qui est tendresse profonde mais non point illusion ou acharnement. On ne trouvera aucun espoir magique dans mon récit. Je n’ai pu changer le sort. J’ai pu seulement déchiffrer, apprivoiser les chants désormais liés pour nous de la détresse et de la vie. La vie doit gagner mais, avant de le savoir, je traverserai toutes les étapes de cette détresse : peur et impuissance devant la violence de mon enfant malade, peur et impuissance devant le jugement culpabilisant ou ignorant des autres — médecins parfois — peur de l’avenir pour mon enfant. Et un jour, alors que notre famille n’est plus qu’un lieu de mutisme écrasé, je dirai « non », non à mon acceptation de tout cela qui deviendrait complaisance au malheur.
Nous avons fait notre possible, au mieux de notre cœur et de nos forces. Nous devons vivre et trouver la paix. Lâcheté ou courage d’oser le penser et le dire ? Partage humain, en tout cas, de l’avoir écrit. |
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