Titre : |
Le corps de l'oeuvre : Essais psychanalytiques sur le travail créateur |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Didier Anzieu, Auteur |
Editeur : |
Gallimard |
Année de publication : |
2005 |
Collection : |
NRF |
Sous-collection : |
Connaissance de l'inconscient |
Importance : |
385 pages |
ISBN/ISSN/EAN : |
978-2-07-025532-0 |
Langues : |
Français (fre) |
Sommaire : |
1e PARTIE – L’AUTEUR TRAVAILLÉ PAR LA CRÉATION
I. ENTRER EN CRÉATION – L’identification héroïque. Le « décollage ». Travail du rêve, travail du deuil, travail de la création. Crise et création
II. LE CAS DE FREUD – Tableau d’une crise créatrice. 1er épisode du décollage freudien (1894-95) : découvertes du sens des rêves et des notions d’appareil psychique et de travail psychique. 2nd épisode du décollage freudien (1896-97) : découverte du « complexe » d’Œdipe, 2 formes du désir incestueux chez le créateur. Niveaux de symbolisation des rêves freudiens : l’injection faite à Irma, « on est prié de fermer un œil », rêves de Rome, retour des langues oubliées, transcription directe du vu en un code. Derniers épisodes du décollage freudien : crise de 1913 (rupture avec Jung), crise d’entrée dans la vieillesse (1917-24) et remaniement de la méta-psychologie, crise octogénaire (1937-39) et exil final.
III. LE TRAVAIL DE L’ŒUVRE – L’auteur travaillé par la création. Le lecteur travaillé par l’œuvre.
IV. LA CRISE CRÉATRICE ET LES ÂGES DE LA VIE – Créations de la vieillesse. Créations de la maturité : l’ombre portée de la mort. Créations de la jeunesse : l’ombre portée de la violence. 2 sortes de littératures : littératures de l’accusation, littératures de la résignation.
V. QUE FAIRE DES STIMULATIONS PRÉCOCES ? – Stimulations maternelles précoces et dynamique héroique-masochiste : complexe de Jocaste chez la mère, hystérophobie de Freud, légende d’Héraklés. Particularités de la topique psychique du créateur : conflit du Moi idéal et du Surmoi, force du Ça, capacité du Moi de varier ses modes de fonctionnement, Idéal du Moi conciliant. Fonction maternelle du mental : inquiétante étrangeté et inattendue familiarité, matrice primaire de la communication, premiers décodages sensoriels, interface mère-nourrisson et Moi-peau, surstimulation et créations-totalisations, sous-stimulation et créations-consolidations, l’angoisse de séparation comme déclencheur du décollage créateur, le mental comme intériorisation d’un environnement maternel surstimulant, dynamique de l’hyperactivité fantasmatique, dynamique de l’hyperactivité intellectuelle, fonction paternelle du code. Fonction paternelle dans la conception psychique et attitude mentalement active du Moi devant la scène primitive: 3 exemples de patients en psychanalyse, passivité et activité chez Freud, rôle du père dans les diverses sortes de conception. Formes et fonctions du sexuel dans l’activité de pensée. Fonction du maternel dans le travail créateur, fonction du féminin, fonction du masculin, fonction du paternel, fonction de l’indéterminé.
2e PARTIE – LES CINQ PHASES DU TRAVAIL CRÉATEUR
I. DES CINQ PHASES DU TRAVAIL CRÉATEUR ET DE LEURS INSCRIPTIONS DANS L’ŒUVRE – 1e phase : le saisissement créateur; circonstances ; 3 exemples : résistances : régression : dissociation ; saisissement ; retour d’une vérité oubliée sous forme d’une hallucination non pathologique ; l’œuvre comme construction de cette vérité. 2e phase : prise de conscience de représentants psychiques inconscients ; levée d’une représentation refoulée et suractivation pulsionnelle ; remémoration affective et retour d’états archaïques du Moi et du Soi ; appréhension de représentants de mouvements du corps et d’opérations de l’esprit ; un moyen de surmonter les doutes propres à cette phase : la résonnance fantasmatique d’un(e) ami(e) et le rétablissement de l’aire d’illusion ; un moyen de parer au jugement du public intérieur : se faire aimer du Surmoi. 3e phase : instituer un code et lui faire prendre corps : déplacement topique du représentant inconscient ; écart entre le code et le corps de l’œuvre ; corps de l’œuvre et corps de l’auteur ; résistances inconscientes successives ; fantasmatiques de la création ; jeux du Moi avec le code et fonction régulatrice du Surmoi ; conflit du Moi, du Moi idéal et du Surmoi ; l’idiolecte. 4e phase : la composition proprement dite de l’œuvre. 5ème phase : produire l’œuvre au-dehors ; difficulté de décider que l’œuvre est achevée : danger de rupture de la continuité narcissique ; difficulté d’exposer l’œuvre à un public : les quatre formes d’angoisse produites par l’identification projective. Réintégration dans l’œuvre du processus de sa création : Repérage des 5 phases par les créateurs eux-mêmes ; ex. d’Yves Bonnefoy ; œuvre-produit et œuvre-processus ; logique de l’improbable et logique de l’impossible ; ex. d’inscription dans l’œuvre de chacune des 5 phases ; représentation du pouvoir de représentation ; diverses formes de l’illusion de totalisation et matrice psychique primaire ; oeuvre idéologique, utopique, transitionnelle.
II. L'EXEMPLE DU « CIMETIERE MARIN », POÈME DE LA CREATION DU POEME – Proposition d’une lecture : condensation de la poétique et du poïétique ; circonstance de la composition : crise d’entrée dans la maturité évoquant la crise d’entrée dans la jeunesse ; contenu manifeste : le cimetière de Cette, une « vanité » païenne ; la 1e phase (hallucinatoire) du travail créateur et son inscription dans la strophe 8 ; la 2nde phase et son inscription dans
l’incipit : pluralité des représentants psychiques inconscients (sensoriels, moteurs, affectifs) condensés dans celui-ci ; la 3e phase : le code organisateur du poème est fourni par la théorie aristotélicienne d'un premier moteur immobile, la matière à laquelle ce code donne forme est un rythme (qui joue sur l’opposition du décimal et du duodécimal) et l'image du corps (qui joue sur l’opposition du macrocosme, composé des 4 éléments, et du microcosme humain doté des 5 sens) ; brèves inscriptions des 4e et 5ème phases ; pensée obsessionnelle et travail créateur.
III, LE CODE AU TRAVAIL DANS L’OEUVRE – ESQUISSE D'UNE MISE EN ORDRE DE LA DIVERSITE DES CODES : Sens 0 : recueil des lois écrites (codex), rapport au Surmoi ; sens 01 : les mythes ; sens 1 : chiffre, clé, marque, grille ; sens 1 bis : en mathématiques et en biologie ; sens 2a : ensemble de préceptes moraux et sociaux ; sens 2b : ensemble d’instructions techniques ; sens 3 : le code langagier et ses sous-codes, le sous-code du style dans les textes écrits ; sens 4 : le système et ses variantes : le programme, la structure, l’idiolecte ; liberté intérieure du créateur face a la diversité des types de code. Dimension diachronique des codes et leur reprise dans le style : interaction du nourrisson avec les objets et avec l’entourage ; des schémes sensori-moteurs aux codes de communication ; spécificité de la littérature et nouvelles considérations sur le style, l’effet d’étrangeté ou de singularisation, l’illusion symbolique ou sémantique. Le code au travail dans l’oeuvre : plusieurs formules : exemple de la découverte de I’inconscient par Freud. Une 1e formule, appliquer un code connu a un domaine inconnu : les « contes » de Borges, un roman de Lagerlöf, un conte d’Andersen, « Ulysse » de Joyce. Une 2e formule, appliquer à un domaine connu un code inconnu du lecteur mais non de I'auteur : la lecture comme roman policier, le double sens sexuel et l'anamorphose chez Henry James, une critique générative d'une nouvelle de Maupassant, Maupassant face au code contemporain des mocurs et à la théorie pseudo-scientifique et prépsychanalytique de la dégénérescence familiale, la double référence entre l’inconscient et la culture, discussion du mythe d’Adonis, effets comiques et tragiques de la tension diachronique entre des codes. Une troisième formule, appliquer à un domaine connu un code inconnu de l'auteur lui-même : problèmes d’interprétation. Montherlant interprété par Lévi-Strauss, autres exemples. Limites du travail du code : l’absence, le manque, le vide : l’écorce, le noyau et le vide dans l'appareil psychique ;
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4° de Couverture : |
Les nombreuses contributions de la psychanalyse à l’esthétique se sont surtout attachées à l’interprétation du contenu fantasmatique des œuvres ou à la psychopathologie des auteurs. Si féconds qu’aient été en leur temps ces travaux, ils laissaient sans réponse les questions que pose toute œuvre d’art : l’effet de captation qu’elle produit, les affects et les identifications qu’elle suscite, le dévoilement du réel qu’elle opère.
Pour saisir de tels effets, on doit interroger moins le produit fini que l’expérience et le processus d’où résulte ce produit. Tout comme le rêve suppose un « travail », non visible, tout comme l’épreuve de la perte engage un douloureux « travail de deuil », l’œuvre d’art et de pensée est tout entière traversée par un travail créateur. Bien plus, son originalité et son pouvoir sur nous tiennent à ce qu’elle figure ce travail dans sa forme et dans son style. Le corps de l’œuvre – et non le seul texte – est l’œuvre elle-même.
Trois parties dans cet ouvrage. D’abord, une clinique et une théorie du travail créateur, où le cas de Freud est pris pour paradigme. Ensuite une analyse, menée à partir du Cimetière marin, « poème de la création du poème », qui permet à l’auteur d’y différencier cinq phases : l’état de saisissement, l’appréhension d’un représentant psychique inconscient, sa transformation en code organisateur, la donation d’un corps à ce code, l’affrontement imaginaire puis réel à un public. Enfin, venant préciser et
affiner le modèle théorique, quelques monographies : sur une nouvelle d’Henry James et le dédouble-ment, sur les contes et codes de Borges, sur la détresse et les toiles de Francis Bacon, sur les romans de Robbe-Grillet et les techniques de la pensée obsessionnelle. Autant de lectures psychanalytiques qui nous font effectuer un aller et retour entre l’opacité de la création et la complexité de l’intelligible.
Une « poiétique » psychanalytique serait donc possible ? |
Le corps de l'oeuvre : Essais psychanalytiques sur le travail créateur [texte imprimé] / Didier Anzieu, Auteur . - Gallimard, 2005 . - 385 pages. - ( NRF. Connaissance de l'inconscient) . ISBN : 978-2-07-025532-0 Langues : Français ( fre)
Sommaire : |
1e PARTIE – L’AUTEUR TRAVAILLÉ PAR LA CRÉATION
I. ENTRER EN CRÉATION – L’identification héroïque. Le « décollage ». Travail du rêve, travail du deuil, travail de la création. Crise et création
II. LE CAS DE FREUD – Tableau d’une crise créatrice. 1er épisode du décollage freudien (1894-95) : découvertes du sens des rêves et des notions d’appareil psychique et de travail psychique. 2nd épisode du décollage freudien (1896-97) : découverte du « complexe » d’Œdipe, 2 formes du désir incestueux chez le créateur. Niveaux de symbolisation des rêves freudiens : l’injection faite à Irma, « on est prié de fermer un œil », rêves de Rome, retour des langues oubliées, transcription directe du vu en un code. Derniers épisodes du décollage freudien : crise de 1913 (rupture avec Jung), crise d’entrée dans la vieillesse (1917-24) et remaniement de la méta-psychologie, crise octogénaire (1937-39) et exil final.
III. LE TRAVAIL DE L’ŒUVRE – L’auteur travaillé par la création. Le lecteur travaillé par l’œuvre.
IV. LA CRISE CRÉATRICE ET LES ÂGES DE LA VIE – Créations de la vieillesse. Créations de la maturité : l’ombre portée de la mort. Créations de la jeunesse : l’ombre portée de la violence. 2 sortes de littératures : littératures de l’accusation, littératures de la résignation.
V. QUE FAIRE DES STIMULATIONS PRÉCOCES ? – Stimulations maternelles précoces et dynamique héroique-masochiste : complexe de Jocaste chez la mère, hystérophobie de Freud, légende d’Héraklés. Particularités de la topique psychique du créateur : conflit du Moi idéal et du Surmoi, force du Ça, capacité du Moi de varier ses modes de fonctionnement, Idéal du Moi conciliant. Fonction maternelle du mental : inquiétante étrangeté et inattendue familiarité, matrice primaire de la communication, premiers décodages sensoriels, interface mère-nourrisson et Moi-peau, surstimulation et créations-totalisations, sous-stimulation et créations-consolidations, l’angoisse de séparation comme déclencheur du décollage créateur, le mental comme intériorisation d’un environnement maternel surstimulant, dynamique de l’hyperactivité fantasmatique, dynamique de l’hyperactivité intellectuelle, fonction paternelle du code. Fonction paternelle dans la conception psychique et attitude mentalement active du Moi devant la scène primitive: 3 exemples de patients en psychanalyse, passivité et activité chez Freud, rôle du père dans les diverses sortes de conception. Formes et fonctions du sexuel dans l’activité de pensée. Fonction du maternel dans le travail créateur, fonction du féminin, fonction du masculin, fonction du paternel, fonction de l’indéterminé.
2e PARTIE – LES CINQ PHASES DU TRAVAIL CRÉATEUR
I. DES CINQ PHASES DU TRAVAIL CRÉATEUR ET DE LEURS INSCRIPTIONS DANS L’ŒUVRE – 1e phase : le saisissement créateur; circonstances ; 3 exemples : résistances : régression : dissociation ; saisissement ; retour d’une vérité oubliée sous forme d’une hallucination non pathologique ; l’œuvre comme construction de cette vérité. 2e phase : prise de conscience de représentants psychiques inconscients ; levée d’une représentation refoulée et suractivation pulsionnelle ; remémoration affective et retour d’états archaïques du Moi et du Soi ; appréhension de représentants de mouvements du corps et d’opérations de l’esprit ; un moyen de surmonter les doutes propres à cette phase : la résonnance fantasmatique d’un(e) ami(e) et le rétablissement de l’aire d’illusion ; un moyen de parer au jugement du public intérieur : se faire aimer du Surmoi. 3e phase : instituer un code et lui faire prendre corps : déplacement topique du représentant inconscient ; écart entre le code et le corps de l’œuvre ; corps de l’œuvre et corps de l’auteur ; résistances inconscientes successives ; fantasmatiques de la création ; jeux du Moi avec le code et fonction régulatrice du Surmoi ; conflit du Moi, du Moi idéal et du Surmoi ; l’idiolecte. 4e phase : la composition proprement dite de l’œuvre. 5ème phase : produire l’œuvre au-dehors ; difficulté de décider que l’œuvre est achevée : danger de rupture de la continuité narcissique ; difficulté d’exposer l’œuvre à un public : les quatre formes d’angoisse produites par l’identification projective. Réintégration dans l’œuvre du processus de sa création : Repérage des 5 phases par les créateurs eux-mêmes ; ex. d’Yves Bonnefoy ; œuvre-produit et œuvre-processus ; logique de l’improbable et logique de l’impossible ; ex. d’inscription dans l’œuvre de chacune des 5 phases ; représentation du pouvoir de représentation ; diverses formes de l’illusion de totalisation et matrice psychique primaire ; oeuvre idéologique, utopique, transitionnelle.
II. L'EXEMPLE DU « CIMETIERE MARIN », POÈME DE LA CREATION DU POEME – Proposition d’une lecture : condensation de la poétique et du poïétique ; circonstance de la composition : crise d’entrée dans la maturité évoquant la crise d’entrée dans la jeunesse ; contenu manifeste : le cimetière de Cette, une « vanité » païenne ; la 1e phase (hallucinatoire) du travail créateur et son inscription dans la strophe 8 ; la 2nde phase et son inscription dans
l’incipit : pluralité des représentants psychiques inconscients (sensoriels, moteurs, affectifs) condensés dans celui-ci ; la 3e phase : le code organisateur du poème est fourni par la théorie aristotélicienne d'un premier moteur immobile, la matière à laquelle ce code donne forme est un rythme (qui joue sur l’opposition du décimal et du duodécimal) et l'image du corps (qui joue sur l’opposition du macrocosme, composé des 4 éléments, et du microcosme humain doté des 5 sens) ; brèves inscriptions des 4e et 5ème phases ; pensée obsessionnelle et travail créateur.
III, LE CODE AU TRAVAIL DANS L’OEUVRE – ESQUISSE D'UNE MISE EN ORDRE DE LA DIVERSITE DES CODES : Sens 0 : recueil des lois écrites (codex), rapport au Surmoi ; sens 01 : les mythes ; sens 1 : chiffre, clé, marque, grille ; sens 1 bis : en mathématiques et en biologie ; sens 2a : ensemble de préceptes moraux et sociaux ; sens 2b : ensemble d’instructions techniques ; sens 3 : le code langagier et ses sous-codes, le sous-code du style dans les textes écrits ; sens 4 : le système et ses variantes : le programme, la structure, l’idiolecte ; liberté intérieure du créateur face a la diversité des types de code. Dimension diachronique des codes et leur reprise dans le style : interaction du nourrisson avec les objets et avec l’entourage ; des schémes sensori-moteurs aux codes de communication ; spécificité de la littérature et nouvelles considérations sur le style, l’effet d’étrangeté ou de singularisation, l’illusion symbolique ou sémantique. Le code au travail dans l’oeuvre : plusieurs formules : exemple de la découverte de I’inconscient par Freud. Une 1e formule, appliquer un code connu a un domaine inconnu : les « contes » de Borges, un roman de Lagerlöf, un conte d’Andersen, « Ulysse » de Joyce. Une 2e formule, appliquer à un domaine connu un code inconnu du lecteur mais non de I'auteur : la lecture comme roman policier, le double sens sexuel et l'anamorphose chez Henry James, une critique générative d'une nouvelle de Maupassant, Maupassant face au code contemporain des mocurs et à la théorie pseudo-scientifique et prépsychanalytique de la dégénérescence familiale, la double référence entre l’inconscient et la culture, discussion du mythe d’Adonis, effets comiques et tragiques de la tension diachronique entre des codes. Une troisième formule, appliquer à un domaine connu un code inconnu de l'auteur lui-même : problèmes d’interprétation. Montherlant interprété par Lévi-Strauss, autres exemples. Limites du travail du code : l’absence, le manque, le vide : l’écorce, le noyau et le vide dans l'appareil psychique ;
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4° de Couverture : |
Les nombreuses contributions de la psychanalyse à l’esthétique se sont surtout attachées à l’interprétation du contenu fantasmatique des œuvres ou à la psychopathologie des auteurs. Si féconds qu’aient été en leur temps ces travaux, ils laissaient sans réponse les questions que pose toute œuvre d’art : l’effet de captation qu’elle produit, les affects et les identifications qu’elle suscite, le dévoilement du réel qu’elle opère.
Pour saisir de tels effets, on doit interroger moins le produit fini que l’expérience et le processus d’où résulte ce produit. Tout comme le rêve suppose un « travail », non visible, tout comme l’épreuve de la perte engage un douloureux « travail de deuil », l’œuvre d’art et de pensée est tout entière traversée par un travail créateur. Bien plus, son originalité et son pouvoir sur nous tiennent à ce qu’elle figure ce travail dans sa forme et dans son style. Le corps de l’œuvre – et non le seul texte – est l’œuvre elle-même.
Trois parties dans cet ouvrage. D’abord, une clinique et une théorie du travail créateur, où le cas de Freud est pris pour paradigme. Ensuite une analyse, menée à partir du Cimetière marin, « poème de la création du poème », qui permet à l’auteur d’y différencier cinq phases : l’état de saisissement, l’appréhension d’un représentant psychique inconscient, sa transformation en code organisateur, la donation d’un corps à ce code, l’affrontement imaginaire puis réel à un public. Enfin, venant préciser et
affiner le modèle théorique, quelques monographies : sur une nouvelle d’Henry James et le dédouble-ment, sur les contes et codes de Borges, sur la détresse et les toiles de Francis Bacon, sur les romans de Robbe-Grillet et les techniques de la pensée obsessionnelle. Autant de lectures psychanalytiques qui nous font effectuer un aller et retour entre l’opacité de la création et la complexité de l’intelligible.
Une « poiétique » psychanalytique serait donc possible ? |
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